
Le gouvernement gabonais a réceptionné un important lot de matériel électrique destiné à améliorer l’alimentation en électricité dans 18 localités de l’intérieur du pays, régulièrement frappées par des coupures. Une opération saluée comme un pas vers l’équité énergétique, mais qui suscite aussi des interrogations, au regard des précédentes initiatives restées sans effet durable.
Annoncée le 2 août par le ministère de l’Accès universel à l’eau et à l’énergie (MAUEE), l’arrivée à Libreville de 31 groupes électrogènes neufs de marque Caterpillar, accompagnés de transformateurs et d’équipements de protection, s’inscrit dans un programme d’urgence visant à sécuriser le réseau électrique dans plusieurs zones rurales et semi-urbaines du pays. Les localités concernées, encore non listées officiellement, souffrent depuis des années d’un accès erratique à l’électricité.
Ce déploiement, mené en moins de 100 jours, est présenté comme une concrétisation de la vision du président Brice Clotaire Oligui Nguema, qui fait de l’accès équitable à l’énergie un pilier de son programme de redressement national. Une réception officielle du matériel est prévue le 6 août à Libreville, avant son acheminement dans les zones ciblées.
Tchibanga, vitrine du projet
Parmi les localités prioritaires figure Tchibanga, chef-lieu de la province de la Nyanga, où deux groupes électrogènes seront installés de toute urgence pour garantir une alimentation stable à l’occasion des festivités officielles du 30 août 2025. Un choix hautement symbolique, destiné à démontrer l’efficacité du gouvernement à agir rapidement, surtout dans un contexte de communication politique intense.
Mais au-delà des annonces, une question revient en boucle : cette nouvelle salve d’équipements apportera-t-elle enfin une réponse durable aux problèmes d’approvisionnement électrique dans l’arrière-pays ?
Des antécédents peu rassurants
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement promet un renforcement de l’alimentation électrique. En mars 2024, des groupes électrogènes avaient déjà été achetés pour pallier les déficits chroniques qui laissaient plusieurs villes dans le noir pendant des semaines. En mai de la même année, le groupe Arise avait injecté plus de trois milliards de francs CFA pour soutenir le secteur. Des efforts louables, mais dont les effets réels sur le terrain restent discutables.
Dans plusieurs provinces, les délestages se poursuivent, nourrissant la lassitude et la défiance des populations, confrontées à un service public intermittent, malgré les budgets alloués et les engagements affichés.
Pour de nombreux observateurs, cette nouvelle opération pose une double exigence : la transparence dans la gestion des équipements livrés, et la capacité des autorités à assurer leur maintenance dans la durée. Car l’enjeu n’est pas seulement d’alimenter les localités pendant les cérémonies officielles, mais de garantir aux habitants une électricité fiable au quotidien.
Le ministère assure que les équipes techniques sont déjà à pied d’œuvre pour assurer la mise en service rapide du matériel. Reste à voir si cette promesse tiendra, là où tant d’autres ont échoué. Entre volonté présidentielle et scepticisme populaire, la relance de l’électrification de l’intérieur du Gabon avance, mais sur fond d’attente fébrile.